Je n’ai pas l’habitude de beaucoup écrire ici. Mais voilà, nouvelle résolution pour la nouvelle saison. Je vais essayer de partager avec vous un peu plus de mon actualité et de mes activités.
J’aimerais vous parler aujourd’hui de mon programme des trois prochains mois. Je suis impatiente de commencer une série de beaux rendez-vous musicaux. J’ai hâte de jouer avec des collègues merveilleux comme Nicholas Daniel, Katya Apekisheva et Leonard Elschenbroich à Leicester (UK), Aurélien Pontier à Düsseldorf (Allemagne) et Poitiers, Abdel Rahman El Bacha et Tedi Papavrami en Italie.
Le répertoire va être conséquent : pièces francaises en solo avec orchestre, le Concerto de Beethoven, les sonates de Schumann, Schubert et Brahms, trios de Beethoven, et beaucoup de musique de chambre de Dvorak, Martinu, Bartok et Rachmaninov ainsi que de la musique contemporaine de Thea Musgrave.
Ce qui m’excite en particulier, ce sont la variété des lieux dans lesquels je vais me produire, les multiples collaborations artistiques qui m’attendent et le vaste répertoire que je vais jouer.
. les lieux
Je vais me produire dans plusieurs pays (France, Angleterre, Allemagne, Italie et Albanie). Certains lieux sont des premières fois, d’autres sont comme « revenir à la maison ». Par exemple à Leicester ou à Poitiers. Et enfin, certains ont une signification affective forte pour moi. Aujourd’hui j’aimerais vous parler des Invalides.
En effet, j’ai joué la première fois dans la Cathédrale des Invalides en 2003-2004, lors de mes nominations aux Victoires de la Musique en tant que Révélation soliste instrumentale. La première fois, les nominés avaient été invités à enregistrer un disque produit en live à la Cité de la Musique et distribué par Télérama. Mon passage à la télévision avait été remarqué car ma corde de Mi avait lâché juste avant la fin de la Polonaise brillante de Wieniawski – un grand moment d’adrénaline, d’autant que c’était du live en prime time à la télévision ! Heureusement j’avais eu le réflexe d’attraper le violon du premier violon pour finir de jouer la pièce.
Bref ! L’année suivante, lors de ma deuxième nomination, les lauréats étaient invités à enregistrer deux pièces avec l’Orchestre de Paris (rien que ca !) sous la direction de Pascal Rophé. J’ai interprété la Méditation de Thais de Massenet et la Fantaisie sur des airs de Carmen de Sarasate. Pour ce tournage matinal, nous avions à disposition la Cathédrale des Invalides – véritable écrin sonore et – détail mode – on m’avait même prêté une robe John Galliano 👗
👉Liens Youtube :
Après ce tournage, j’ai eu la chance de régulièrement jouer dans ce lieu chargé d’histoire (tombeau de Napoléon entre autres), dans des séries organisées par la banque CIC, en musique de chambre et avec orchestre; notamment sous la direction de Francois Boulanger l’Orchestre de la Garde républicaine avec lequel j’y ai enregistré en live des pièces francaises de Saint-Saens en 2007.
👉Par exemple, le Rondo Capriccioso
En Juin 2008 j’y ai aussi joué, cette fois en plein air, dans la grande cour pour la Fête de la Musique dans une thématique autour des musiques de film.
👉 La Liste de Schindler de John Williams.
Je suis donc particulièrement impatiente d’y retourner le 9 Octobre. Je jouerai d’ailleurs la Havanaise et le Rondo Capriccioso de Saint-Saens ainsi que Tzigane de Ravel. Cette fois-ci je serai accompagnée par l’Orchestre de Chambre de Toulouse. Le concert sera capté et rediffusé en live sur Radio Classique.
. Le répertoire
J’adore ces pièces francaises avec orchestre que j’ai citées précédemment. Elles ont pour moi une saveur d’enfance et incarnent vraiment le grand répertoire du violon. Elles sont incontournables dans le répertoire de virtuosité violonistique et surtout, ce sont selon moi des bijoux, véritables chefs-d’oeuvre du genre dans un style séduisant, charmeur et brillant.
Pour moi, je les associe à la période d’ apprentissage du violon, lorsque j’avais entre 11 et 16 ans, au côté de mon professeur d’origine arménienne à Marseille, Jean Ter Merguerian avec lequel je les ai étudiées en détail. Il m’a fait découvrir les enregistrements de ces pièces par le grand violoniste russe Jascha Heifetz, qui deviendra mon idole. En somme, la découverte du Nouveau Monde pour moi. Et par un travail minutieux, sans relâche, il m’a fait ressentir et calibrer chaque inflexion. Ces pièces, je les transporte avec moi aux quatre coins du monde. Parce que, bien sûr, à l’étranger, je suis une violoniste francaise donc elles me sont souvent demandées et aussi, tout simplement, parce que je les adore et je ne me lasse pas de les jouer, d’y trouver de nouvelles « tournures » cà ou là.
🎧Ecoutez donc cela :
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https://www.youtube.com/watch?v=DR6CGXneIuI
Pour le reste, musique de chambre et concerto de Beethoven, je vous en parlerai dans un prochain article.
. Les collaborations
En ce qui concerne les collaborations artistiques, j’ai hâte de retrouver le groupe de musiciens du Leicester International Music Festival . Ce sera la quatrième fois que j’y retournerai. J’y jouerai notamment avec Nicholas Daniel, fabuleux oboiste anglais et Katya Apekisheva, magnifique pianiste russe basée à Londres.
En récital je me produirai à Düsseldorf et à Poitiers avec le pianiste francais, Aurélien Pontier.
Nous nous connaissons avec Aurélien depuis l’époque de nos études au CNSM de Paris et cela fait bien dix ans que nous jouons ensemble. Il est précieux de voir ce genre de collaboration perdurer et se développer avec le temps. On en finit par pouvoir jouer ensemble les yeux fermés tout en trouvant toujours des aspects stimulants. Et en marge de nos répétitions, nous partageons aussi beaucoup de conversations politiques entre autres, d’autant qu’Aurélien est féru d’histoire.
Avec Abdel Rahman El Bacha, c’est une collaboration qui remonte à 2013 lors d’un premier récital à la Criée à Marseille dans le cadre de la Folle Journée. Nous avions joué des sonates de Beethoven.
L’entente a été immédiate, dès la première lecture, c’était comme si nous avions toujours joué ensemble. Dans mon ressenti, cela avait à voir avec une même quête du silence et un sens aigu de l’écoute. Depuis, nous avons rejoué ensemble au Japon lors de la folle Journée, à Noirmoutier et à Cholet.
Au répertoire en plus de Beethoven, nous avons exploré Prokofiev, Bartok et surtout Schumann, dont nous avons joué les deux sonates dans un même festival. Ce fut une expérience grandiose, d’une grande intensité, d’autant que nous avons joué tous les deux par coeur.
Jouer sans partition en sonate est chose assez rare. Quelques grands duos de musiciens ont pratiqué cela, comme Christian Ferras et Pierre Barbizet.
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Il faut dire que se produire sans partition est un vrai défi. Cela demande une préparation conséquente et chronophage, une étude et une connaissance de la partition globale en profondeur, de la part des deux partenaires et une grande confiance en soi et en l’autre.
Mais la récompense est à la hauteur de l’effort. C’est à croire que les auditeurs percoivent que lors du concert, nous évoluons sur un fil et que nous restituons la musique du plus profond de notre psyché. Cela produit des interprétations « live » d’une intensité sans pareil, avec une prise de risque et une spontaneité réelle. Impossible de se cacher derrière la partition, la musique, intégrée et gravée dans notre tête et dans notre corps, doit jaillir de notre inconscient.
En parallèle à l’étude des partitions de Schumann je relisais des textes du compositeur. Et voilà ce que j’ai trouvé justement dans ses « Ecrits divers du musicien » dans « Règles de conduite d’un musicien » (in Solfèges p.180) :
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« Mais qu’appelle-t-on être musicien ? Tu ne l’es pas si, tenant les yeux attachés avec anxiété sur la musique, tu as de la peine à jouer ton morceau jusqu’au bout ; tu ne l’es pas si (quelqu’un t’ayant, par exemple, tourné deux pages à la fois), tu restes en plan et ne peux continuer. Mais tu l’es, si, dans un morceau nouveau, tu pressens à peu près ce qui va suivre, ou si, dans un morceau que tu connais, tu le sais par coeur, – en un mot, si tu as la musique non seulement dans les doigts, mais encore dans la tête et dans le coeur. »
Pour finir …
J’espère vous croiser dans ces prochains mois.
Surtout, venez me voir en backstage ! Cela me fera très plaisir. Des amis m’ont dit parfois ne pas oser venir pour ne pas me déranger, certes il arrive qu’on soit obligé de filer à une réception ou à une signature de disques, ou bien que l’on soit juste épuisé. Mais en général, c’est une récompense que de voir des visages familiers et d’avoir des retours après avoir tout donné sur scène.
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Alors, discutons dans les commentaires. Je me réjouis de vous lire et d’échanger par écrit ici, en attendant de vous voir en vrai !
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