#41 - Musique et écologie
Une histoire de voiture électrique, d'aura et de ... slow musician!
🗓SAVE THE DATES
⭐️Samedi 29 Février de 16H à 18H
Théâtre de l’Alliance, Paris
Émission en live et en public
« Génération France Musique »
⭐️Mardi 3 Mars à 20H
Reid Hall, Paris 6
🚀lancement
de notre nouvel album avec Aurélien Pontier
💿 « Post-scriptum »
Attention : Concert presque COMPLET
INSCRIVEZ-VOUS ICI
⭐️Mardi 31 Mars à 20H
Cathédrale des Invalides
En soliste avec la Musique de l’Armée
Gala caritatif
Aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’écologie et de musique car oui, bien sûr, la thématique traverse toute la société !
Il est étonnant d’ailleurs d’observer comment chaque secteur réagit ou pas…et fascinant de jeter un regard historique.
❗clin d’oeil !
Jascha Heifetz, écolo avant l'heure !
Une fois de plus, je ne peux résister à l’envie de vous parler de Jascha Heifetz.
Figurez-vous que ce grand violoniste russe naturalisé américain était étonnant. Installé en Californie, il fut l’un des premiers à posséder une voiture électrique !
Il avait fait transformer sa Renault par un certain M. Borisoff pour une sacrée somme afin qu’elle fonctionne avec des batteries électriques.
Et cela c’était en 1966…
Il a d’ailleurs manifesté en posant avec un masque à gaz alors que Los Angeles était plongé dans un brouillard sans fin à cause de la pollution.
Étonnant, n’est-ce pas ?
Et aujourd’hui ? Que font les musiciens alors face à la crise climatique ?
Voilà la question que je me suis posée il y a quelques mois pour le magazine Socialter qui m’a offert une tribune.
Socialter est un magazine papier et digital consacré à l’économie nouvelle génération et aux créateurs de solutions innovantes.
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La musique classique face à la crise écologique : vers le « slow musician » ?
L’industrie de la musique classique impose aux solistes stars comme aux grands orchestres de prendre l’avion à un rythme effréné. Touchés par le « flygskam », les musiciens classiques pourraient décider de ralentir et de refuser l’avion tant que possible. Tribune.
À l’heure où chaque secteur essaie de réduire ses émissions carbone, le milieu de la musique classique est bien embêté. Les carrières de musicien requièrent des déplacements fréquents en avion : les solistes « star », comme certains grands orchestres, sont un jour à Tokyo, deux jours plus tard à Paris puis à New-York le lendemain.
On ne lit plus une interview de musicien sans le moment de contrition attendu sur son bilan carbone « catastrophique ». Mais, au-delà du flygskam, concept suédois pour décrire cette « honte de prendre l’avion », quelles sont les actions entreprises pour changer la donne ?
L’impact global de l’industrie musicale est sans doute faible par rapport à d’autres secteurs. Il est d’ailleurs difficile d’obtenir des statistiques claires sur les migrations annuelles en avion des musiciens classiques. Mais la question se pose avec insistance – à l’échelle individuelle et collective.
Au-delà de l’aspect écologique surgissent très vite d’autres problématiques : loi du marché, globalisation, relation au temps. Et si la prise de conscience relative à l’urgence climatique se révélait une opportunité pour repenser les fondements de l’industrie musicale, inventer un nouveau modèle et repenser notre tempo ?
Agir collectivement
Aujourd’hui on peut entendre tous les grands artistes et les grandes phalanges orchestrales partout dans le monde, ou presque. Développement « logique » ? Cette accélération large porte son lot de conséquences insidieuses, comme l’impact sur des artistes « star » sur-sollicités, au risque de se brûler les doigts.
Il est difficile de déprogrammer de l’imaginaire collectif cette connotation de prestige liée à la carrière internationale. A l’échelle individuelle, certains solistes ont essayé de s’abstenir de voler pendant un an – sans succès. Une position qu’il est très compliqué de tenir sans devenir un outsider.
Plutôt que de chercher des solutions à l’échelle individuelle, il est évident qu’une réponse collective s’impose. Elle doit venir de tous les acteurs (programmateurs de concerts, organisateurs, agents, maisons de disques).
Redonner leur aura aux concerts
On pourrait d’ailleurs imaginer qu’une décélération générale viendrait s’inscrire dans la transition numérique.
Voyons le Digital Concert Hall, la « salle de concert virtuelle de l’Orchestre philharmonique de Berlin sur internet », lancé en 2008. La possibilité d’avoir accès à la phalange berlinoise depuis chez soi ne rend-elle pas la fréquence des tournées internationales de ce type d’orchestre questionnable, d’autant qu’elles reposent sur un modèle économique complexe et parfois fragile ?
Cela pourrait avoir des bénéfices secondaires inattendus. A une ère où la musique classique se pose la question du renouvellement de son public, le fait de « réduire » ces déplacements internationaux pourrait contribuer à redonner au concert son « aura » (d’après le concept développé par Walter Benjamin dans L’œuvre d’art à l’ère de la reproductibilité technique), c’est-à-dire son unicité. Ainsi l’expérience dans la salle de concert retrouverait une valeur spirituelle et s’inscrirait dans une autre logique que celle de la consommation de l’art.
Un musicien responsable : le slow musician ?
Si le milieu classique ne peut pas apporter de « remèdes » à la société, pourrait-il être un lieu de changement de mentalités et de mise en pratique d’une utopie, un lieu de mobilisation collective pour incarner un possible ?
Par analogie au mouvement slow food, à quoi ressemblerait le slow musician ? Pourquoi pas une charte éthique du déplacement du musicien, dans une logique de décélération et de réduction énergétique ? Cela pourrait se décliner ainsi : réfléchir sur la valeur ajoutée de chaque déplacement, prendre le train plutôt que l’avion, refuser des engagements uniques dans des contrées lointaines, revaloriser la programmation « locale ».
De manière plus philosophique, cela reviendrait à retrouver la valeur Temps. La musique classique se prête particulièrement au temps long : temps long de la composition, temps long de la formation d’un artiste, temps long de certaines œuvres. Contemplation versus consommation.
On attend une figure forte pour initier un tel mouvement : un orchestre ou un soliste médiatisé par exemple. Et si Lang-Lang ou les Berliner Philharmoniker cessaient de prendre l’avion ? Qui sera la « Greta » de la musique classique ?
P.-S. :
Le slow musician…une utopie ?
Qu’en pensez-vous ?
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