#42 – Le silence

#42 - Le silence
Une histoire de bruit, de slow musician et de ... quarantaine!

🗓Quelques INFOS 

Parce que vous êtes nombreux à me l’avoir demandé, voici le lien du streaming du concert de lancement qui avait été annulé et que nous avons transformé en Facebook live le 3 Mars dernier.
👉 ICI 

Ce fut un très joli moment de partage et de « musique connectée« . C’était encore au temps de l’insouciance…

⭐️Mardi 31 Mars à 20H
Cathédrale des Invalides

En soliste avec la Musique de l’Armée
Gala caritatif

Reporté au 29 Juin ❗️

👉 ICI

Chers amis,

 

j’ai tardé à vous écrire. La période est si intense, si bouleversante, individuellement et collectivement… Comment trouver les mots une fois que les salles de concert se sont tues les unes après les autres, que les écoles ont fermé, et que, pendant que nous, restons chez nous, les soignants mènent la bataille ?

 

Bien sûr, nous sommes tentés de dire prosaïquement « the show must go on », de chercher à nous divertir autant que possible et nous le devons sans doute…

Bien sûr il y a tant de choses dont je pourrais vous parler :

  • comment le secteur de la musique classique est touché (lourdement),
  • ce que cette crise vient révéler de nos (dys)fonctionnements,
  • ce que la révolution digitale apporte comme possibilité dans cette période de crise… 

Je ne manquerai pas de le faire dans de prochains articles, mais …

Et si ce dont nous avions besoin à l’instant était d’une autre nature ?

 

Personnellement, j’ai besoin d’accuser le coup, d’encaisser le choc, de prendre la mesure de la crise sanitaire, de réfléchir, de rentrer dans une autre temporalité… 

Ce dont j’ai besoin maintenant – plus que tout, c’est de silence …

 

Paradoxal pour une musicienne ?

Pas vraiment…

Musique versus silence

Le silence, n’est-ce pas ce que les grands penseurs de la musique ont toujours identifié comme le support voire même comme l’essence de la musique ?

On pense souvent que le phénomène le plus radicalement opposé à la musique c’est le silence, mais en fait, c’est bien plus le bruit – des sons désorganisés, juxtaposés sans nécessité, sans relations intentionnelles.  

L’histoire de la musique s’est régulièrement référée à cette dialectique et nourrie de ces binômes musique/silence, musique/bruit, et ce, à diverses époques.

De manière absolue, le silence est ce qui précède et suit la musique. Bien plus qu’un écrin pour la musique, on pourrait dire que c’est ce dont la musique nait et ce vers quoi elle tend de manière asymptotique.

C’est d’ailleurs ce que disait le grand Miles Davis : 

« La véritable musique est le silence, et toutes les notes ne font qu’encadrer le silence. »

 

D’autres musiciens comme le chef roumain Sergiu Celibidache, nourri de pensée zen et de phénoménologie, ou dans son sillon, le pianiste-chef argentin Daniel Barenboim, ont exprimé maintes fois que la musique était entre les sons.
C’est dans les espaces interstitiels que se manifeste le mystère. 
 

Un silence qui relie

Dans un concert en live, mes moments préférés sont les longues secondes ou parfois la presque minute de silence après l’exécution d’une œuvre… 

Sascha Guitry touchait juste dans sa boutade :

 » Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui. » 

Tellement bien vu…


Pour l’interprète sur scène, le silence d’après – bien plus que les applaudissements – est le moment où l’expérience partagée se matérialise : la suspension commune, les solitudes partagées qui laissent chacune résonner ce qui vient de se passer.

Le moment de reliance dont parle Edgar Morin…

Un silence qui amène l'inspiration

Pour désigner le signe du silence en musique, on parle de soupir. Le silence, c’est aussi cette respirationune expiration qui provoque une nouvelle inspiration, à tous les sens du terme.

Dans un article consacré à « Musique et écologie » pour le magazine Socialter, je vous parlais de l’utopie du « slow musician » qui aurait le temps de laisser résonner chaque concert, chaque expérience et de laisser mûrir en lui de nouvelles musiques…

J’ai besoin pour l’instant d’appréhender cette période comme une retraite, un retour sur soi, un moment de contemplation…

écouter une musique qui m’amène au silence, écouter le silence
silence d’où jaillira – plus tard peut-être –
une musique autre

P.-S. :  

Alors aujourd’hui je partage avec vous une incarnation de cette musique du silence, celle qui fait rentrer en soi, tout en ouvrant large notre horizon …

une musique qui rend le silence palpable…

Restons connectés dans ce silence partagé
Et prenez bien soin de vous !

🎬

  • Cet article vous a plu ? Likez et partagez-le 😃
  • Vous avez des réactions ? On en parle en commentaires ! Je les lis tous ! ✍️
Aurélien Pontier

Live-stream sur Facebook

Le concert de lancement initialement prévu le 3 Mars 2020 au Reid Hall ayant été annulé pour cause de mesures préventives liées au Corona virus, nous avons transformé l’événement en live-streaming sur Facebook !

🚀 REPLAY ICI

Un Facebook live interactif commenté en live et suivi par plusieurs milliers de spectateurs (vidéo à plus de 7,5 k) .
D’ailleurs le site Putsch Media en a parlé ICI

Capture d'écran 2019-11-15 13.09.02

📻 💿A vos postes !

A vos postes cette semaine !
On parle du nouvel album Post-scriptum sur différentes radios :

  • Jeudi 27.02 de 8H30 à 9h je serai l’invitée de la #Matinale de @francemusique de @jburbain
  • Jeudi 27.02 de 12h à 12h30 sur la RTBF dans « Demandez le programme! » de Camille de Rijck
  • Samedi 29.02 de 16h à 18h en live sur France Musique depuis le théâtre de l’Alliance Francaise dans Génération FMU de Clément Rochefort

#41 – Musique et écologie

#41 - Musique et écologie
Une histoire de voiture électrique, d'aura et de ... slow musician!

🗓SAVE THE DATES

⭐️Samedi 29 Février de 16H à 18H
Théâtre de l’Alliance, Paris

Émission en live et en public
« Génération France Musique »

⭐️Mardi 3 Mars à 20H
Reid Hall, Paris 6
🚀lancement
de notre nouvel album avec Aurélien Pontier
💿 « Post-scriptum »
Attention : Concert presque COMPLET
INSCRIVEZ-VOUS ICI

⭐️Mardi 31 Mars à 20H
Cathédrale des Invalides

En soliste avec la Musique de l’Armée
Gala caritatif

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’écologie et de musique car oui, bien sûr, la thématique traverse toute la société !

Il est étonnant d’ailleurs d’observer comment chaque secteur réagit ou pas…et fascinant de jeter un regard historique.
❗clin d’oeil !

Jascha Heifetz, écolo avant l'heure !

Une fois de plus, je ne peux résister à l’envie de vous parler de Jascha Heifetz.

Figurez-vous que ce grand violoniste russe naturalisé américain était étonnant. Installé en Californie, il fut l’un des premiers à posséder une voiture électrique !

 

 

Il avait fait transformer sa Renault par un certain M. Borisoff pour une sacrée somme afin qu’elle fonctionne avec des batteries électriques.

Et cela c’était en 1966…

Il a d’ailleurs manifesté en posant avec un masque à gaz alors que Los Angeles était plongé dans un brouillard sans fin à cause de la pollution.

 

 

Étonnant, n’est-ce pas ?

Et aujourd’hui ? Que font les musiciens alors face à la crise climatique ?

 

Voilà la question que je me suis posée il y a quelques mois pour le magazine Socialter qui m’a offert une tribune.

 

 

Socialter est un magazine papier et digital consacré à l’économie nouvelle génération et aux créateurs de solutions innovantes.

✍️

La musique classique face à la crise écologique : vers le « slow musician » ?

L’industrie de la musique classique impose aux solistes stars comme aux grands orchestres de prendre l’avion à un rythme effréné. Touchés par le « flygskam », les musiciens classiques pourraient décider de ralentir et de refuser l’avion tant que possible. Tribune.

 

À l’heure où chaque secteur essaie de réduire ses émissions carbone, le milieu de la musique classique est bien embêté. Les carrières de musicien requièrent des déplacements fréquents en avion : les solistes « star », comme certains grands orchestres, sont un jour à Tokyo, deux jours plus tard à Paris puis à New-York le lendemain.

On ne lit plus une interview de musicien sans le moment de contrition attendu sur son bilan carbone « catastrophique ». Mais, au-delà du flygskam, concept suédois pour décrire cette « honte de prendre l’avion », quelles sont les actions entreprises pour changer la donne ?

 

L’impact global de l’industrie musicale est sans doute faible par rapport à d’autres secteurs. Il est d’ailleurs difficile d’obtenir des statistiques claires sur les migrations annuelles en avion des musiciens classiques. Mais la question se pose avec insistance – à l’échelle individuelle et collective.

 

Au-delà de l’aspect écologique surgissent très vite d’autres problématiques : loi du marché, globalisation, relation au temps. Et si la prise de conscience relative à l’urgence climatique se révélait une opportunité pour repenser les fondements de l’industrie musicale, inventer un nouveau modèle et repenser notre tempo ?

Agir collectivement

Aujourd’hui on peut entendre tous les grands artistes et les grandes phalanges orchestrales partout dans le monde, ou presque. Développement « logique » ? Cette accélération large porte son lot de conséquences insidieuses, comme l’impact sur des artistes « star » sur-sollicités, au risque de se brûler les doigts.

 

Il est difficile de déprogrammer de l’imaginaire collectif cette connotation de prestige liée à la carrière internationale. A l’échelle individuelle, certains solistes ont essayé de s’abstenir de voler pendant un an – sans succès. Une position qu’il est très compliqué de tenir sans devenir un outsider.

 

Plutôt que de chercher des solutions à l’échelle individuelle, il est évident qu’une réponse collective s’impose. Elle doit venir de tous les acteurs (programmateurs de concerts, organisateurs, agents, maisons de disques).

Redonner leur aura aux concerts

On pourrait d’ailleurs imaginer qu’une décélération générale viendrait s’inscrire dans la transition numérique.

 

Voyons le Digital Concert Hall, la « salle de concert virtuelle de l’Orchestre philharmonique de Berlin sur internet », lancé en 2008. La possibilité d’avoir accès à la phalange berlinoise depuis chez soi ne rend-elle pas la fréquence des tournées internationales de ce type d’orchestre questionnable, d’autant qu’elles reposent sur un modèle économique complexe et parfois fragile ?

Cela pourrait avoir des bénéfices secondaires inattendus. A une ère où la musique classique se pose la question du renouvellement de son public, le fait de « réduire » ces déplacements internationaux pourrait contribuer à redonner au concert son « aura » (d’après le concept développé par Walter Benjamin dans L’œuvre d’art à l’ère de la reproductibilité technique), c’est-à-dire son unicité. Ainsi l’expérience dans la salle de concert retrouverait une valeur spirituelle et s’inscrirait dans une autre logique que celle de la consommation de l’art.

Un musicien responsable : le slow musician ?

Si le milieu classique ne peut pas apporter de « remèdes » à la société, pourrait-il être un lieu de changement de mentalités et de mise en pratique d’une utopie, un lieu de mobilisation collective pour incarner un possible ?

 

Par analogie au mouvement slow food, à quoi ressemblerait le slow musician ? Pourquoi pas une charte éthique du déplacement du musicien, dans une logique de décélération et de réduction énergétique ? Cela pourrait se décliner ainsi : réfléchir sur la valeur ajoutée de chaque déplacement, prendre le train plutôt que l’avion, refuser des engagements uniques dans des contrées lointaines, revaloriser la programmation « locale ».

 

De manière plus philosophique, cela reviendrait à retrouver la valeur Temps. La musique classique se prête particulièrement au temps long : temps long de la composition, temps long de la formation d’un artiste, temps long de certaines œuvres. Contemplation versus consommation.

 

On attend une figure forte pour initier un tel mouvement : un orchestre ou un soliste médiatisé par exemple. Et si Lang-Lang ou les Berliner Philharmoniker cessaient de prendre l’avion ? Qui sera la « Greta » de la musique classique ?

P.-S. :

Le slow musician…une utopie ?
Qu’en pensez-vous ?




🎬

  • Cet article vous a plu ? Likez et partagez-le 😃
  • Vous avez des réactions ? On en parle en commentaires ! Je les lis tous ! ✍️

#40 – La créativité

#40 - La créativité
Une histoire de re-création, d'ordre/chaos et ... de podcast !

🗓SAVE THE DATE

Mardi 3 Mars à 20H
Reid Hall, Paris 6
🚀concert de lancement
de notre nouvel album avec Aurélien Pontier 💿 « Post-scriptum »
ATTENTION : C’est presque COMPLET !!! Il ne reste que quelques places (qui ont été rajoutées !!)
INSCRIVEZ-VOUS ICI

Podcast "Inspiration créative"

Numéro spécial.
J’aimerais partager avec vous un autre podcast où j’ai été invitée à parler cette fois sur la thématique de la créativité.

❗Pour écouter, cliquez ici

 

 

Avec le brillant jeune entrepreneur Killian Talin, nous avons parlé :

  • de l’interprétation comme processus de re-création
  • de la poly-activité, du statut de « slasheur » comme manière de nourrir sa créativité
  • de mes études d’esthétique musicale, de Gyorgy Kurtag et de l’intertextualité
  • de coaching et d’enseignement

    mais aussi
  • des échecs, de la critique
  • de la santé du musicien
  • des routines, de la discipline
  • de l’envie de donner le goût de la musique classique

 

C’était une conversation très libre et intime.

 

 

De conseils de lecture (de la gestion des to-do listes : Getting Things Done à The Power of Habit) à des réflexions sur l’enseignement, l’interprétation et la transmission de la musique classique, une discussion à bâtons rompus entre amis !

 

⭐️

Bonne écoute !

Et pour vous, la créativité – c’est quoi ?




Si le podcast vous a plu, surtout laissez un commentaire sur ITunes et mettez 5⭐️ à Inspiration créative.
Cela soutient beaucoup les podcasteurs et leur donne de la visibilité !🙏

P.-S. :

La semaine dernière notre nouvel album avec au piano, Aurélien Pontier 🎹 est sorti. 😉

 

❗Voici le lien pour l’écouter sur toutes les plateformes : http://smarturl.it/m0oy94
Hâte de vos retours !!

🎬

  • Cet article vous a plu ?
    Likez et partagez-le 😃
  • Vous avez des réactions ?
    On en parle en commentaires ! Je les lis tous et j’y réponds (parfois ….tard mais avec plaisir !!) 🙂 ! ✍️

⭐️ Nouveau CD bientôt disponible ⭐️

🎁 Sortie dans les bacs & en ligne : 7 Février
🚀 Concert de lancement : 3 Mars @Reid Hall, Paris 6e

L’album est intitulé « Post-scriptum ».
Une sélection de nos « bis » favoris avec mon complice musical le pianiste Aurélien Pontier. Il s’agit d’un hommage aux grands violonistes Fritz Kreisler et Jascha Heifetz. 🎻

J’ai hâte de vous le faire découvrir !!
💿 Album déjà disponible en précommande ici : bit.ly/2utAc8f

#39 – Les femmes et le violon

#39 - Les femmes et le violon
Une histoire de prise de conscience, de #metoo et ... de podcast !

🗓SAVE THE DATE

Jeudi 23 Janvier à 20H
Station F, Paris
j’aurai l’honneur d’intervenir
à l’ouverture du Think Big’ Her
l’événement incontournable sur l’entrepreneuriat au féminin

Pas de doute. Cette semaine est placée pour moi sous le signe du féminin !

Un féminin qui se réinvente au présent, qui réécrit son passé pour mieux se projeter dans le futur, qui entreprend et qui réfléchit 🙂

Podcast " Les PassionariArts "

Avant tout, j’aimerais partager avec vous un podcast où j’ai été invitée à parler sur la thématique des femmes et de l’art.

❗Pour écouter, cliquez ici

 

 

Avec la pétillante Adeline Cubères d’ Artwork in Promess,
nous avons eu une conversation à bâtons rompus autour de son micro rouge. 🎙

Nous avons parlé :

  • des modèles féminins et de l’histoire du violon qui a été souvent écrite au masculin
  • du costume Yves Saint-Laurent versus robe de concert
  • de la modernisation de la musique classique mais pas n’importe comment
  • de l’émission “Mon cœur est un violon” sur France Musique et de ma chère Ginette Neveu
  • des clichés qui ressortent encore lorsqu’une femme joue avec puissance
  • de l’ésotérisme et des femmes libres
  • de ce qu’interpréter signifie
  • de #MeToo et de la prise de conscience de notre époque
  • de la relation à l’instrument… et à soi-même

 

C’était une conversation libre, qui m’a donné matière à réfléchir. (Merci, Adeline !)

 

 

De conseils de lecture (un de mes livres-culte : femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estes) à des réflexions sur la mode, de l’importance de rendre visibles et audibles des femmes-violonistes extraordinaires du passé à la modernisation de la musique classique, nous nous sommes autorisées à parler de tout, de Clarissa Pinkola Estes) à des réflexions sur la mode, de l’importance de rendre visibles et audibles des femmes-violonistes extraordinaires du passé à la modernisation de la musique classique, nous nous sommes autorisées à parler de tout, sur tous les tons !

Il faut dire que ce sujet est passionnant, d’autant que nous vivons une période aussi complexe que stimulante…

Les femmes et le violon

Pour prolonger la résonance de la thématique, voici un texte que j’ai été amenée à écrire sur le sujet à la suite de ma série d’été consacrée à Ginette Neveu.

 

 

A l’été 2019, France Musique me confie la réalisation d’une série documentaire de huit épisodes autour de la violoniste Ginette Neveu (1919-1949) dont on célèbre le centième anniversaire de la naissance. Le lien d’identification est fort, Ginette Neveu a été une de mes icônes du violon depuis l’enfance aux côtés de Jascha Heifetz, David Oistrakh, Nathan Milstein, Christian Ferras.

En explorant les archives, très vite la thématique des femmes et du violon s’impose et prend une proportion inattendue.

 

Tout d’abord, je remarque que la presse de l’époque, pour qualifier le jeu de Ginette Neveu, parle souvent de puissance et de virilité : « Ginette Neveu joue comme un homme ».

En 2020 cela interpelle.

Actuellement, en haut de la scène du violon, les femmes sont largement représentées, que ce soit avec Janine Jansen, Lisa Batiashvili, Anne-Sophie Mutter ou Julia Fischer.

Je prends alors conscience qu’être une femme violoniste soliste n’a pas toujours été chose évidente et que la qualité d’une femme-soliste a longtemps été mesurée à l’aune masculine.

 

En repensant à la période de mes études, je réalise aussi que Ginette Neveu a été mon seul support d’identification au féminin.

J’interroge alors la représentation des femmes dans l’histoire :

Mais où sont les femmes dans l’histoire des grands violonistes ?

Je me mets en quête des pionnières du violon.

Apparait alors une farandole de femmes, des artistes ayant joué un rôle essentiel : par exemple

  • l’américaine Maud Powell (1867-1920) ou
  • la hongroise Jelly d’Aranyi (1893-1966), qui inspire Maurice Ravel pour son Tzigane et Bela Bartok pour ses sonates.

 

Jelly d’Aranyi

 

📻Pour entendre ces femmes :
Episode « Les femmes et le violon » de la série « Mon coeur est un violon » à la ré-écoute sur www.francemusique.fr : ici

En poursuivant la réflexion jusqu’à la période contemporaine, je me rends compte que la figure de la femme violoniste a évolué au cours du XXe siècle, notamment après-guerre, avec l’apparition de l’industrie du disque.

Sur les couvertures, la femme violoniste devient une image importante de marketing, un objet de fantasmes.

Entre vestale et sex-symbol (pin-up), entre la pureté désincarnée de la jeune femme consacrée à son art et la charge érotique de la femme fatale en robe-bustier au top de la mode, la femme violoniste incarne des aspects ambivalents voire contradictoires.

S’agit-il d’une construction qui souscrit aux codes induits par un , entre la pureté désincarnée de la jeune femme consacrée à son art et la charge érotique de la femme fatale en robe-bustier au top de la mode, la femme violoniste incarne des aspects ambivalents voire contradictoires.

S’agit-il d’une construction qui souscrit aux codes induits par un male gaze (regard masculin) ou bien, au contraire, de l’expression d’une puissance au féminin ?

D’autre part, dans ces carrières des femmes solistes, des schémas récurrents apparaissent, en particulier dans la relation de la soliste avec un mentor chef d’orchestre qui joue un rôle de Pygmalion.

 

Que nous dit l’archétype de la femme-violoniste sur la représentation actuelle des femmes en général et de leur place dans la société ?

A une époque de l’empowerment au féminin qui voit qui voit émerger des cheffes d’orchestre et à l’ère post #MeToo, comment ce paradigme va-t-il continuer d’évoluer ?

 

⭐️

⭐️

Affaire à suivre, bien sûr, pour un sujet fort, qui mérite réflexion et nuances dans son traitement !

Et vous, qu’en pensez-vous ?

P.-S. :

Le 7 Février sortira chez NomadMusic mon nouvel album avec au piano, Aurélien Pontier 🎹. Il s’agit de Miniatures pour violon et piano. 😉

Le disque intitulé « Post-scriptum » est un hommage à Jascha Heifetz et Fritz Kreisler !
Hâte de vous le faire découvrir !

💿 Pré-commande : par ici !

🎬

  • Cet article vous a plu ?
    Likez et partagez-le 😃
  • Vous avez des réactions ?
    Parlons-en dans les commentaires ! Je les lis tous ! ✍️

#38 – Jascha Heifetz, le Buster Keaton du violon

#38 - Jascha Heifetz, le Buster Keaton du violon
Une histoire de froid polaire, d’antenne de voiture et de ...caricature

🗓SAVE THE DATE

A noter dans vos agendas d’ores et déjà
Concert de sortie de mon nouvel album à Paris le 3 Mars au Reid Hall ❗

⭐️Un concert commenté suivi d’une séance de dédicace avec plein de surprises 🎁💿🍷

Reid Hall – Columbia University
4 rue de Chevreuse
75006 Paris

En fin d’année, je vous parlais des « bis », transcriptions et autres arrangements après vous avoir raconté le parcours de vie incroyable de Fritz Kreisler.

Cette semaine pour bien commencer la nouvelle année, j’ai envie de vous parler du violoniste ultime, le seul et l’unique, s’il ne devait y en avoir qu’un : Jascha Heifetz (1901-1987)

 

 

Je vous le faisais entendre à Noël dans son irrésistible transcription et arrangement de White Christmas.

Je pourrais pérorer des heures sur la chaleur de sa sonorité, sa virtuosité inégalée, l’élégance de ses glissades (la manière de relier les sons en habitant littéralement le passage entre chaque note, à vous faire chavirer le coeur…)

Un violoniste froid ??

L’ironie de l’histoire, c’est que Heifetz a souvent été qualifié de froid et d’austère.
On ne cessait d’ailleurs de le caricaturer dans ce sens.

Regardez plutôt !

 

 

Et il avait une sacrée réputation : un homme pas commode !

Il faut dire que sa posture sur scène était celle d’un aristocrate (de la musique!), souverain, que rien ne pouvait faire sourciller.

Pourtant Heifetz avait dit :

 

❗️ » Pour être un violoniste, il faut les nerfs d’un torero, la vitalité d’une hôtesse de boîte de nuit et la concentration d’un moine bouddhiste ! « 

Génial, n’est-ce pas ?

Il était en fait bien plus nerveux qu’il n’y paraissait.
Et, pour lui son expression musicale devait passer par le son, par sa sonorité avant tout.

C’était une autre époque…où la plupart des grands artistes avaient une apparence assez flegmatiques, ou en tout cas, ne bougeaient presque pas. Leur côté hiératique qui impressionnait était le signe qu’ils étaient au service de la musique, loin d’une logique de séduction visuelle.

Le violoniste au visage de marbre et au sens de l'humour inimitable

Le comble, c’est qu’en plus, Heifetz était un homme extrêmement chaleureux – avec ses amis …certes peu nombreux…- mais bien sûr, notoirement très exigeant.

On a souvent gardé en tête les images de ces masterclasses où il tapait parfois la mesure, de manière impatiente et intransigeante – avec une antenne de voiture !!

Il était célèbre aussi pour demander à ces élèves, de manière impromptue, de jouer des gammes dans toutes les tonalités(surtout les plus improbables !)

 

 

Ce que l’on a moins souvent perçu, c’est son incroyable sens de l’humour.

 

Un extrait-culte

J’aimerais partager avec vous aujourd’hui un extrait que les aficionados de Heifetz adorent par-dessus tout.

 

⚠️Avertissement !

 

Avant de le regarder, laissez-moi vous préciser le contexte. Il s’agit d’une caricature que Heifetz fait d’un élève qu’il a auditionné et qui présentait de multitude défauts « habituels ».

 

Cet extrait est absolument génial, pour plusieurs raisons.
D’abord, il faut imaginer la qualité du sens de l’observation de Heifetz pour arriver à reproduire si bien ces défauts, évidemment étrangers à son jeu. Sa capacité d’imitation est bluffante. Au point que si l’on n’est pas prévenu avant le visionnage, on pourrait avoir des doutes sur Heifetz lui-même !

 

Pour tout vous dire, c’est ce qui m’est arrivé quand j’étais petite. Mon professeur à Marseille, Jean Ter Merguerian dont je vous parlais dans un précédent article, m’avait fait visionner cet extrait sans me prévenir.
Pour me faire une blague.

 

Et j’étais si confuse…Ah bon, le grand Heifetz…ce n’était pas bon quand même ?

 

Quand il m’expliqua de quoi il s’agissait, qu’est-ce que nous avons ri !
Inoubliable moment de transmission.

 

De plus, ce qui est incroyable, c’est aussi qu’il ne « bronche » pas pendant ce moment hilarant. Au maximum , il bouge un sourcil…

 

De plus, ce qui est incroyable, c’est aussi qu’il ne « bronche » pas pendant ce moment hilarant. Au maximum , il bouge un sourcil…

 

Ressemblance évidente avec le grand Buster Keaton, n’est-ce pas ?

 

 

Alors, je vous mets la version caricaturale suivie de la version studio de la même pièce ! D’ailleurs il s’agit d’un enregistrement extraordinaire d’une très belle œuvre.

 

Le 4e concerto de Vieuxtemps (1820-1881). – Vieuxtemps était lui même violoniste, un des grands maitres de l’école franco-belge !
C’est un bijou, bien trop peu joué de nos jours !!

Heifetz fait une caricature d’un élève qu’il a dû auditionner. Concerto de Vieuxtemps nr.4 !

Vieuxtemps Concerto nr.4 par Jascha heifetz John Barbirolli and the London Philharmonic Orchestra

Incandescent, n’est-ce pas ?

P.-S. :

Dans moins d’un mois sortira chez NomadMusic mon nouvel album avec au piano, Aurélien Pontier 🎹. Il s’agit de Miniatures pour violon et piano. 😉

Un hommage au grand Jascha avec plusieurs de ses pièces fétiches !

💿 Dans les bacs et en ligne, le 7 Février !

🎬

  • Cet article vous a plu ?

 

Partagez-le 😃

  • Vous avez des réactions ?

 

Parlons-en dans les commentaires du blog ! Je les lis tous ! ✍️

 

🎻 Je vous souhaite une très belle année 2020 palpitante, pleine de musique (sans doute avec beaucoup de Beethoven et plus encore !) 🎶